AU GABON, LA DISCRIMINATION ET L'ARME DU TEMPS SERVENT Á ASSOIR IRRÉMÉDIABLEMENT, LA MONARCHIE

Paulette Oyane





Le Gabon fonctionne sur la base de la discrimination. Dixit Paulette Oyane, avocat-député, sur le plateau d'Agora. Une phrase a rarement été aussi précise et vraie dans sa description du mode opératoire gabonais. Mais néanmoins, les disciples de la langue de bois et des caresses dans le sens du poil du pouvoir, se sont profondément indignés: " comment osez-vous dire que le Gabon discrimine contre sa population?" L'indignation venait du député Bilié Bi Nze, passé maitre dans l'art de s'accrocher aux lois "sur mesure" du Gabon, pour justifier que ce qui est, soit et continu de l'être. Mais Paulette Oyane a parfaitement raison et Bilié Bi Nze le sait bien même s'il fait semblant de s'indigner pour plaire à ceux qui beurrent ses petit-fours. Le Gabon est un pays en coupe où chaque acteur politique sait parfaitement le rôle qui est le sien et les limites de ce rôle. Tout le monde sait quels sont les domaines réservés au Gabon, et aussi pourquoi les choses en sont ainsi. Feindre d'ignorer l'existence de ce dispositif de gouvernance est la démonstration de la déchéance morale dont sont prêtes certaines personnes ayant pris gout aux petit-fours des réceptions officielles.

1. Pratiques discriminatoires indéniables au Gabon
Lors de l'émission Agora, les gens ont voulu jouer avec les mots et rester pudique, quand ils ont reproché à Paulette Oyane d'avoir utilisé le terme "cousine de l'apartheid", pour qualifier la pratique de la gouvernance au Gabon. Mais ces gens savaient très bien qu'elle avait raison, que ce soit dans la forme comme le fond. Malheureusement, au Gabon, la franchise est devenue une denrée bien rare, surtout dans le débat politique et social. Si on souhaite un jour bâtir un peuple, une communauté gabonaise avec des signes de reconnaissance et une personnalité collective, le démantèlement du système que décrivait Paulette Oyane s'impose, et tout le monde le sait sans le dire. Par contre, si on souhaite que le pays s'achemine vers la stratification qui voudrait qu'avec permanence, certains soient toujours en haut et les autres en bas, alors vous êtes à votre place dans le système Bongo. Comme vous avez pu le découvrir dans les documents mis en ligne depuis 2 jours, relatifs à l'affaire Pozzo Di Borgo, le Gabon est géré à huit clos, en famille et avec le peuple dans la pénombre totale. Nous ne serons pas inutilement techniques car ce n'est pas l'objet du billet, mais cette forme de gouvernance est discriminatoire dans la mesure où nos avoirs à tous sont manipulés par un groupe d'individus qui ne rendent jamais compte à la masse des gabonais et se comportent comme si notre trésorerie commune était leur tirelire privée. Il n'est donc pas extrémiste de conclure que le mode de fonctionnement du pays est foncièrement discriminatoire. Un autre exemple très facile, sans avoir à enfoncer des portes béantes, est le traitement de l'information dans les media d'état. Alors que l'économie mondiale connait des soubresauts qui gagneraient à être expliqués aux gabonais, le journal télévisé de la RTG1 est truffé d'actes de "charité" par les membres du régime. Les seuls partis d'opposition qui sont couverts sont ceux dit de la "majorité pour l'émergence" et depuis un certain temps, l'UPG suite au ralliement de Pierre Mamboundou. Si cet état de fait n'est pas une discrimination pure et simple alors arrêtons le débat! La réalité est que le pouvoir fige sciemment les différentes composantes du Gabon dans des couloirs prédéterminés de champs d'action. Se risquer hors de ces couloirs viendrait à s'exposer à la vindicte du pouvoir; c'est ce que nous observons tous les jours dans notre pays et le nier est faire preuve de mauvaise foi car cette négation ne résiste pas à la démonstration du contraire.

2. L'arme du temps
L'un des aspects pernicieux de la confiscation du pouvoir est que l'ensemble des énergies du pays ne peut vraiment s'exprimer de manière proportionnée à son potentiel, car la confiscation de toutes les avenues d'expression, par le régime, fait qu'on ne puisse rayonner que dans le périmètre délimité par ce régime. C'est un grand gâchis car les intelligences ne sont pas exploitées comme il se doit et lorsqu'elles le sont, elles sont détournées pour désormais s'illustrer dans une attitude servile vis-à-vis de ce régime. L'atmosphère consensuelle se résume alors au refrain qui veuille que le régime soit le seul garant de la paix, de la stabilité etc., et toute personne qui essaie d'apporter une alternative de gouvernance réelle, ou une autre vision du Gabon, est jugée comme étant haineuse et menaçante de la fameuse unité nationale. Alors, comme cela, le temps passe, et les régimes perdurent: 10, 20, 30, 40 ans, puis le père meurt et on nous dit que le régime n'a que deux pieds, le fils doit prendre la relève pour que les choses restent en l'état et ainsi, on entre dans la cinquième décade de ce qui n'est autre que confiscation et immobilisme. Pendant ce temps, qu'arrive t-il à ceux qui auraient pu faire la différence et contribuer à un essor véritable du Gabon? Eh bien, comme les pagnes popo que le PDG aime aller distribuer aux populations, ces gens dépeignent sous notre soleil équatorial, dépérissent à la longue d'avoir trop soutenu la connerie, s'atrophie la matière grise d'avoir trop passé leur temps en compagnie de personnes totalement incultes qui n'ont que pour seul mérite d'avoir été choisies par la France, afin de nous gouverner. A titre d'exemple, n'est ce pas un gâchis immense de voir des gens, quoiqu'on dise, aussi talentueux que les Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou, ou encore François Owono-Nguema, n'être aujourd'hui que des loques humaines qu'Ali Bongo ordonnent à gauche et à droite de faire ceci et cela? Quand on écoute un Pierre Mamboundou dire que le Gabon va bien alors qu'il sait lui-même que c'est une fausseté, n'y a-t-il pas matière à la désolation? Quand François Owono-Nguema est envoyé par Ali Bongo dans le nord du Gabon aller implorer les populations pour que celles-ci ne se détournent pas du pouvoir en place, n'est-ce pas tragique? Toutes ces études, cette culture, ces diplômes, ce potentiel humain, pour en arriver à ça? On ne peut pas rester insensible à la déchéance intellectuelle de nombreux gabonais pourtant solides en potentiel qui à cause de la longueur et du type de pouvoir en place, finissent quasiment dans les poubelles de l'histoire gabonaise, sans avoir vraiment pu contribuer de manière significative au progrès du pays. Par conséquent, le pouvoir en place utilise le temps comme une arme pour se débarrasser à la longue de ceux qui pourraient leur faire ombrage. Que représente un Mba Abessole ou un Mamboundou aujourd'hui, par exemple? Peut-on dire au crépuscule de leur vie, qu'ils ont contribué significativement à l'évolution du Gabon? Pourquoi? C'est dans ces réponses qu'on comprend que le pays est totalement figé politiquement et donc socialement.

Alors chers lecteurs, nous sommes d'accord avec Paulette Oyane, quand elle affirme que la discrimination est l'épine dorsale du mode de fonctionnement du Gabon. Evitons les tabous et reconnaissons que le Gabon est dirigé à huit clos et que la ségrégation y bat son plein. Ceux qui disent: “Ce n´est pas si grave que cela, n´exagérons pas“, ne rendent pas service au Gabon car ils perpétuent la situation.

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