COMMENT IMPOSER UN POUVOIR HONNI Á UNE POPULATION?





Comment imposer d’office un mensonge aux honnêtes gens ? Tout simplement en standardisant ce qu'ils doivent croire et en leur imposant massivement les données censées refléter la réalité telle que conçue par l'imposture. Le temps faisant le reste, le formatage sera insidieux. Chers lecteurs, nous savons tous qu'au départ, l'imposture est insupportable dans les sens affectif, moral et fondationnel du terme. Elle est une entorse faite à la vérité et à l'intelligence qui fait de l'imposteur est un mystificateur opportuniste demandant à d'honnêtes gens de suspendre leur bon sens pour se donner des justifications pour croire à mensonges. Alors, pourquoi au Gabon, avons tant de personnes qui sont près à se faire les échos de l'imposture? Comment la population en vient à elle-même immoler la vérité et lui préférer le mensonge?

1. Au Gabon l'imposture repose sur un vaste dispositif de distribution parcellaire des rôles
La persistance de l'imposture chez nous ne peut pas s'expliquer simplement en répertoriant une série de meurtres et d'activités répressives de la part du régime. Non, ce serait bien trop simpliste.
L'image caricaturale d'un dictateur unique et tout-puissant installé dans un froid palais présidentiel n'est plus que partiellement exacte. Les dictatures ont besoin de tout un appareillage garantissant l'exécution des tâches de base nécessaires au fonctionnement et au maintient de tout gouvernement despotique. Le maintient de l'ordre, c'est-à-dire le maintient du pouvoir, la perception des revenus fiscaux, le contrôle des frontières, la supervision de l'économie, etc., exigent la collaboration de toute une gamme d'individus, d'hommes/femmes d'affaires, de bureaucrates, de dirigeants de faux syndicats et non moins faux partis politiques et bien sûr, des spécialistes de la contrainte qui sont le bras armé de la dictature, c'est-à-dire les forces de sécurité. Pour se maintenir au pouvoir, l'imposteur doit garder cet ensemble heureux de le servir. Ceci se fait moyennant de substantiels avantages financiers. L'imposture s'appuie son parti dit des masses, le PDG, pour dresser des tentacules dont l'influence s'étend du noyau présidentiel et des postes gouvernementaux, jusqu'a dans chaque petit village. Le Gabon d'aujourd'hui est la résultante d'une élaboration politique étayée sur 43 ans. Le vernis démocratique est maintenu en trompe l'œil, en offrant un accès contrôlé à un parlement dans lequel les élites de pouvoir sont remerciées et les opposants "sages" et conviviaux sont récompensés en leur offrant une semblance de participation à la gouvernance. Cependant, ce dispositif s'est révélé être un exercice d'équilibre difficile pour un pouvoir qui avait du mal à gérer les ressources de l'état et les pressions d'un public de plus en plus mécontent de son bilan économique. Dans un tel contexte, l'ordre est maintenu par l'imposteur, en grande partie par la distribution de postes juteux, ou encore le parrainage à travers des réseaux personnels ou claniques ou encore ethniques, etc. Mais, paradoxalement, ce système est aussi instable car il n'y a pas de place pour tout le monde et on fini toujours par faire des mecontents. Le maintien d'un fonctionnement en douceur de la machine, nécessite que tout le monde y trouve son compte. Le système est donc difficilement concevable sans la présence de l'imposteur à sa tête, voici pourquoi au Gabon, il fallu pérenniser le système Bongo en installant son fils à sa mort. Le système n'étant pas basé sur un socle organique ou institutionnel, l'ensemble du système n'existe que parallèlement au destin d'un homme. Quand cet homme meurt, pour que le système continue, il faut qu'un membre proche prenne le pouvoir. Tant que l'ensemble de la classe dirigeante y tire profit et que la population reste attentiste, tout baigne! La population peut désormais se morfondre dans le défaitisme et la résignation.

2. Le pouvoir des masses peut renverser l'imposture, mais la masse doit être en confiance
Les exemples du pouvoir des masses sont nombreux. En 1989, le pouvoir du peuple a balayé l'Europe orientale. Les grèves en Pologne ont mené les dirigeants communistes à la table pour négocier leur sortie du pouvoir. En Tchécoslovaquie, une équipe hétéroclite d'auteurs, de prêtres, d'universitaires, etc., ont fait basculer le pouvoir. En Allemagne de l'Est, la foule grouillante a simplement décidé de demander l'asile à l'ouest. Récemment, nous avons vu l'Afrique du Nord entrer dans la même logique avec les mêmes effets et résultats. Mais chez nous au Gabon, l'imposture continue de s'enraciner, pourquoi? Les pays où les manifestations du peuple ont entraine des basculements sont souvent des pays ayant une institution par excellence, l'armée. En Tunisie comme en Egypte, ce sont les militaires qui en décidant d'abandonner et de cesser de protéger la dictature, ont été cruciaux à la chute des régimes. Au Gabon, l'armée se confond directement avec le clan Bongo, du moins à son sommet. Le cas échéant, peut-on persuader ces piliers du régime à quitter le navire et soutenir le reste des gabonais? Nous n'en sommes pas si sûrs, car ces militaires seraient encore plus vulnérables en cas de changement de régime, vu qu'ils doivent leur carrière à la famille Bongo et sont souvent des incapables qui ne seraient jamais arrivés à ces grades sans la présence des Bongo au pouvoir. Au 18ème siècle, Alexis de Tocqueville a fait observer que le «moment le plus dangereux pour un mauvais gouvernement, c'est quand il commence à parler réforme". Malheureusement pour nous gabonais, cette réflexions encore vraie aujourd'hui. Ce n'est probablement pas une coïncidence que chaque jour, Ali Bongo et son gouvernement nous annoncent ce qu'ils présentent comme des reformes salutaires qui vont nous "changer" la vie. C'est une méthode que bien des tyrans ont utilisés par le passé. Faire de vagues promesses, faire miroiter un futur tout beau à la populace de façon à ce que celle-ci oublie son présent misérable. On amadoue la population en lui donnant l'impression que l'imposture est plus permissive qu'elle ne l'est en réalité. On permet une opposition toute douce et mesurée, on est obligé d'ajouter une touche de «démocratie» à son répertoire. On endort donc la population avec des promesses et concepts vides de sens. Par exemple, y a-t-il un seul gabonais qui pense que le projet de société d'Ali Bongo, qu'on s'évertue à citer pèle mêle dans tous les discours, soit une œuvre brillante de la philosophie politique? Probablement pas, mais le rôle de ce genre de forfanterie n'est pas d'être dans le vrai, mais plutôt d'assener au peuple un culte de la personnalité aussi stratégique que narcissique. Voyez-vous, chers lecteurs, contraindre la population gabonaise à adhérer publiquement a des mythes absurdes rend plus difficile la cohésion de ce peuple, car la population dans son entièreté passe son temps à se soumettre à un culte humiliant qui lui hôte toute revendication, l'humiliation étant un outil puissant pour contrôler les rivaux potentiels de l'imposteur. Mba abessole a été humilié, Mamboundou a été humilié, etc., l'imposteur fait en sorte que personne d'autre ne lui face ombrage à la longue.

Le temps passe, l'imposture continue dans ses travers, tout le monde fait semblant de croire que "le pays est géré". Mais en fait, rien ne fonctionne. La population frustrée par son incapacité à se faire entendre, et à faire face aux défis que les temps modernes lui imposent, entre dans des cycles destructeurs tels l'alcoolisme, la prostitution, l'emprise pour la vie facile et le dérisoire. Pour se donner une raison, les populations se tournent vers l'infantilisme nostalgique qui excuse les bêtises du régime en arguant qu'au moins "on a la paix au Gabon". Pire encore, certaines franges de cette population, convaincue du moindre mal que représenteraient les Bongo disent "il vaut mieux rester avec eux au lieu de tel ou tel issu de cette ethnie ci ou encore celle là". Petit a petit, on en arrive a une population comme celle du Gabon aujourd'hui, c'est-à-dire d'un peuple qui à quelques exceptions près, a globalement une vision romantique de l'autoritarisme. Une range de cette population n'hésitera plus à acclamer l'imposteur, tellement le traumatisme et la dépendance envers le régime ont crée en eux l'accoutumance, l'enracinement et le désir de la main forte; ainsi et surtout l'acceptation de l'abus, sous toutes ses formes. Nous arrivons même à des aberrations comme lorsque les tartuffes qui animaient l'émission "Pluriel" affirmaient, sans honte, que ce dont le Gabon avait le plus besoin était d'une bonne dictature. Quand on en arrive là, chers lecteurs, c'est qu'on touche le fond.

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