UN DÉGUERPISSEMENT DES POPULATIONS Á GRANDE ECHELLE, ÇA SE PLANIFIE

Une vue du marché de Nkembo




Il est vrai que l’agglomération qu'est Libreville, présente un visage anarchique. L'origine de ce désordre est le manque d'un plan d'urbanisme à l’instar de ce qu'on peut observer dans d'autres grandes villes. Historiquement, Libreville a connu un peuplement et une installation sur la base de l'initiative privée. Les gens arrivaient de l'intérieur du pays et s'installaient auprès de ceux qui leur ressemblaient le plus. Nos parents et grands patents, pour échapper au manque de débouchés des milieux ruraux, venaient souvent être des pionniers à Libreville en s'installant dans des quartiers peu structurés. C'est ainsi que ce sont formés des quartiers comme Cocotiers, Sotega, Plaine Orety etc. Nos parents et grands parents s'installaient dans ces quartiers malgré une absence d’infrastructures, une anarchie apparente, une absence de statut foncier clair, une densité élevée, et avouons le, des revenus souvent modestes. Mais ils travaillèrent durs et en une ou deux générations, ils se sont construits des habitations respectables dans ces quartiers, ils y ont viabilisé des parcelles, obtenu des titres fonciers en bonne et due forme, et transformé ces quartiers en zones urbanisées respectables. Chers lecteurs, vous comprenez donc que l'attachement des gens que l'on voudrait déguerpir, à leurs biens immobiliers revêt un caractère profondément émotionnel, car c'est de longue lutte que leurs familles ont pu bâtir ce qui est aujourd'hui menacé d'être détruit par Ali Bongo.

1 Les émergents ont-ils considéré les sacrifices faits par les résidents de ces lieux à démolir, afin de mobiliser les ressources nécessaires pour mettre en place des services et pour aménager leurs quartiers de façon à en assurer la pérennité?
Chers lecteurs, nous savons tous que malgré l’apparente anarchie de nos espaces urbains, comme Nkembo, Cocotiers ou Sotega, il convient de constater que ces espaces soient des productions sociales d'envergure. En effet, les bâtiments construits dans ces quartiers, même quand leur qualité peut laisser à désirer, sont planifiés consciencieusement; le développement s’y fait de façon endogène en misant sur les particularités sociales et culturelles des populations habitant ces quartiers, et en se servant principalement des potentiels locaux. Dans ces quartiers, la communauté se prend en main selon une panoplie de réseaux dont le premier est bien évidemment le réseau familial, qui assure l’entraide entre les membres d’une même famille. Ce réseau familial est très important puisqu'il prend la relève de l’état qui n’est pas présent. Selon l'attitude d'Ali Bongo et de ses amis, il semble qu'ils ne voient en ces quartiers que des lieux indésirables et insalubres qu’il faut détruire. La vérité est que ces quartiers ne sont ni les plus indésirables, ni les plus insalubres de Libreville. La réalité reste que ces quartiers sont des refuges autoconstruits et viables qu'on ne peut pas détruire comme ça sans clairement expliquer aux gens tous les mobiles de cette destruction.

2 Le développement sera endogène, c'est-à-dire par la base; ou il ne sera pas.
Ali Bongo et sa bande devraient comprendre que seule une approche participative peut permettre un développement cohérent de nos espaces urbains. Ni le paternalisme affiché d'un Blaise Louembé, ni l’aveuglément intéressé de la BGFI ne peuvent remplacer l'engagement des populations. Certains habitants de Nkembo, Cocotiers ou Sotega, ont acquit une certaine aisance matérielle, et par conséquent, ne voudront pas quitter leur espace de vie commun, où des liens se sont tissés, voire tout un réseau sociale qu’ils ne sont pas prêts d’ébranler. D’où la nécessité incontournable de la « réhabilitation » plutôt qu’un relogement. Réhabilitation qui doit se faire avec les habitants, les pouvoirs publics (au moins en termes de financement et d’encadrement !) et tous les acteurs concernés. Simplement dire que l'état va faire déguerpir les gens, est une manœuvre dangereuse qui sera vouée à l'échec.
Si les émergents étaient des gens sérieux, au lieu de vouloir chasser les gabonais de chez eux et leur voler leurs terres, ils s'emploieraient à faire de la planification stratégique. Les premières choses à faire aurait été:
a) Des assemblées publiques pour expliquer le projet aux populations
b) Des concertations publiques, réalisées auprès de la population pour tâter leur pouls sur les priorités pressenties.
c) Associer la population a l'élaboration d'un projet de ville saine, propre et verte.
d) Mise sur pied d'une communauté éducative pour éclairer les populations à propos du projet.

Chers lecteurs, le futur plan d'urbanisation de Libreville doit reposer sur le paradigme de la concertation. Plus il y aura consensus, plus le projet aura la chance de réussir. Vu la manière dont s'y prennent les émergents, ils n'ont encore rien compris. Un bon plan de développement urbain nécessite absolument que les gens qui devraient sacrifier de leurs habitations, soient partie prenante au débat

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