POURQUOI LES GRÈVES AU GABON? ESQUISSE DE RÉPONSE





En ce moment dans notre pays, il ne se passe pas une semaine sans qu’un secteur important de l’économie du pays entre en grève. Nous connaissons tous, les revendications sociales des enseignants. Nous savons que les agents du secteur de la santé sont en grève en ce moment, et que ceux en service au ministère des TP sont aussi en grève. N’oublions pas que la grève couve dans bien des secteurs comme au ministère du budget, à l’université, à la mairie de Libreville etc. Certains lecteurs nous ont régulièrement écrit pour nous faire remarquer que ces grèves étaient préjudiciables à l’éducation et à la santé des gabonais (pour ne citer que ces 2 exemples). Alors pour répondre à certains lecteurs nous donnons ici notre analyse sur la raison de ces grèves.

1. Pourquoi toutes ces grèves ?
A notre avis, une des causes principales des frustrations des travailleurs gabonais réside dans le profond déséquilibre de traitement observé envers les agents de l’état, selon le service d’origine. Nous avons une situation où les revenus de l’état ne sont pas utilisés de manière à palier aux besoins du plus grand nombre; et ça les populations le savent et le voient, donc s’en retrouvent révoltées. C’est un problème très grave car il est difficile aux enseignants de comprendre que certains d’entre eux ont passé jusqu'à parfois 5 ans sans salaires, alors qu’ils voient des potentats du régime, totalement improductifs, se faire offrir par la fonction publique, des logements haut de gamme, des moyens de transport de plusieurs véhicules de l’état, etc. En plus, le gaspillage et l’abus sont souvent les corollaires de la situation. C’est ainsi qu’au lieu d’un seul véhicule de fonction, certains accumulent 2 ou 3 ; voyagent exclusivement en première classe aux frais de l’état, etc. Ces gens sont des hauts cadres d’état et de gouvernement et leur entourage; et bien qu’une étude réalisée au Gabon ait démontré que ces gens comptaient seulement pour environ 2% de la population du pays, il fut calculé que les maintenir et les entretenir exigeait presque 60-75% des dépenses du budget national annuel. Chers lecteurs, quand un professeur de lycées et collèges, ou une infirmière, constate tout ce désordre et gaspillage financier, pendant que ce même état leur demande de patienter avant de rentrer dans leurs modestes et légitimes droits de paiements d’arriérés de salaire, vous comprendrez que la tendance soit à l’intransigeance et à la grève, car on a l’impression que l’état fait exprès de ne pas prendre les revendications des gabonais au sérieux. Plus grave encore est le fait que les différents syndicats ont fait remarquer qu’ils ne seraient entrés en grève que suite a la non-exécution par le pouvoir, d’accords pourtant signés entre les parties en négociation.

2. Au Gabon, pour faire fléchir le régime, il n’y a pas d’alternative à la méthode de l’arrêt du travail
Il ne doit pas être très drôle d’être un agent de la mairie de Libreville, par exemple, ou d’un autre service public ; de se savoir profondément insatisfait de ses conditions de travail ; de vivre dans une précarité abjecte ; de manquer de tous services minimum offerts normalement aux employés ; et de voir monsieur le maire et sa suite s’offrir des salaires pharaoniques, des véhicules de fonction luxueux etc. Chers lecteurs, nous ne pensons pas que de tels gouvernants seraient sensibles à autres formes de revendications sociales que la grève. Nous sommes conscient du fait que la grève perturbe l’économie, mais nous voulons ajouter que si on en arrive souvent là au Gabon, c’est parce que les syndiqués sont poussés à bout par le pouvoir, et il n’y a aucune autre option à leur disposition. Il faut ajouter que dans beaucoup de pays qui ont des gouvernants attentifs aux revendications des travailleurs, il n’y a presque pas de grèves abruptes comme nous le voyons au Gabon. Par exemple, au Japon si des ouvriers ne sont pas satisfaits des salaires ou d’autres traitements, ils portent des brassards au bras et réduisent simplement leur productivité. Ils vont travailler, mais à productivité réduite. Par exemple si ces ouvriers produisent normalement cinq voitures par jour, ils ramènent la production à trois voitures. Et dans ce pays développé, les gouvernants dans le public et le privé sont sensibles à ce genre de chose ; et ces gouvernants feront tout pour ramener le rendement à son maximum. Mais au Gabon, une telle mesure conciliante de la part des syndicats n’aura jamais l’effet désiré, car seul l’arrêt de travail aura l’attention des gouvernants.

Tant que le régime gabonais agira comme s’il ne comprenait pas les conséquences des grèves sur l’économie, la prospérité du Gabon se fera attendre. Sachant que plus les travailleurs déploient leurs efforts de production de biens et services, plus la productivité du pays et donc la croissance économique s’élèvera. Ainsi s’il y a continuellement grève, la croissance économique visée ne peut être réalisée. Alors, si les travailleurs, tous secteurs confondus, ne sont pas stimulés à la production par des traitements jugés conformes aux normes et attentes syndicales, la croissance tant promise restera un souhait et « l’émergence » continuera à se révéler n’être qu’une courte farce.

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