PAROLE Á NOS LECTEURS: "PARLER MANDARIN EST-IL PLUS IMPORTANT POUR NOS ENFANTS QUE D'APPRENDRE LEUR LANGUE MATERNELLE?"




Nous donnons aujourd'hui la parole á nos lecteurs á cause d'un texte poignant que nous avons reçu d'un de nos fidèles, nous faisant un plaidoyer en faveur de nos langues maternelles, qui á son avis, sont en train d'être assassinées par l'irresponsabilité des pouvoir publics, et aussi malheureusement des familles gabonaises. Nous reproduisons ici son texte, dans son intégralité. Seul son nom a été mis en initial car étant au Gabon, nous voulons lui éviter des ennuis même s'il nous a dit " s'en foutre" des conséquences de son association avec nous. Voici son réquisitoire:


Bonjour,

Je ne suis ni Poète, ni romancier, et encore moins essayiste; mais je viens m'adresser á vous car vous êtes le seul endroit qui va peut être répercuter mon désespoir, et mon ENERVEMENT devant un autre acte suicidaire de notre gouvernement. Cet acte est la décision d'enseigner aux petits gabonais dès la 6ième, la langue Chinoise qu'est le Mandarin. Voyez-vous, pour moi la question des langues locales occupe une place primordiale dans la réflexion de tous les jours. Je suis du Fernand-Vaz, d'ethnie Miène pour simplifier, et en une génération je constate autour de moi combien la connaissance de notre langue s'est érodée. C'est effarant mais nous avons de la peine à trouver aujourd'hui un jeune qui a 20 ans qui puisse vous donner une explication authentique d'une chanson de Pierre-Claver Akendengue. Rien qu'en une génération. Mais qu'en sera-t-il dans 50 ans? Je pense qu'il nous faut penser GABON D"ABORD á propos de nos langues qu'il faut absolument sauvegarder.

Attention, n'allez pas interpréter ma position comme étant anti-Mandarin, non pas du tout. Je pense seulement que le Mandarin ne devrait pas être enseigné en priorité dans nos lycées et collèges, en lieu et place de nos langues qui éprouvent de la peine à être introduite dans les programmes. Je pense qu'aujourd'hui, on ne pourrait nier la notion d’identité multiple que nous confère le monde moderne, une situation qui nous invite à plus d'ouverture sur le monde. Quand je parle de donner la priorité aux langues gabonaises, ou du moins de les mettre sur le même pied d'égalité que les langues étrangères, je voudrai dire simplement et sans agressivité qu’il est temps pour les gabonais de revenir à la réalité concrète de leurs milieux culturels. Nous avons tord de penser que c'est en apprenant les langues des autres, et en délaissant les nôtres, que nous allons nous développer. En Chine, on parle Chinois; et pourtant ce pays progresse. Au Japon tout le monde parle japonais. En France c'est le Français, en Allemagne l'allemand et ainsi de suite. Pourtant ces pays ont su trouver dans leur langue un vecteur de développement. J'ai fait me études au Québec, au Canada et il faut voir comment les francophones se battent pour préserver le français. La langue c'est important. Il n'y a que nous gabonais et africains qui ne réalisons pas cela. Comme la Négritude a imposé la culture negro Africaine par l'écriture et en a fait un phénomène historique absolument nécessaire et incontournable, le cheval de bataille des intellectuels africains et gabonais en particulier devrait être d'imposer nos langues, de les relever, de les promouvoir. C'est pour cette raison que mon cœur saigne quand je constate que mon ministre de l'éducation nationale prend des mesures prioritaires pour imposer le Mandarin aux jeunes gabonais, alors que ces enfants gagneraient á apprendre le Miène, le Fang, ou le Punu, pour ne citer que ces langues. Dans l'état actuel des choses, on peut absolument prévoir ce que vont devenir nos langues, elles vont mourir. Je vous apprends qu'il y a déjà de nombreuses familles au Gabon où seul le Français est parlé.

Si nous voulons sauver nos langues, c'est-à-dire en préserver le lexique, la grammaire, les modes de prononciation, il faut que les milieux éducatifs s'en mêlent. Si nos enfants parlent de plus en plus français aujourd'hui c'est à cause du matraquage qui est appliqué. De la même façon, il faut appliquer un matraquage de nos langues, car il en va de leur survie.
Mes chers frères et sœurs, j'ai mal, très mal de l'état de ma langue chez moi. Qu'adviendra t-il du Fernand-Vaz quand plus personne ne se souviendra de nos chansons d'enfance, des instruments de notre vie traditionnelle quotidienne, de la manière d’aimer, de haïr, de rire, de pleurer. Que deviendrons-nous? Pierre-Claver Akendengue est un trésor national à cause de sa connaissance de la langue et son talent de conteur et de compositeur. Mais je puis m'avancer pour affirmer que sans une bonne connaissance de la langue, Akendengue n'aurait pas été aussi complet comme musicien, poète et penseur.

Chers frères et sœurs, en perdant nos langues, nous perdront aussi notre personnalité originelle, et ne deviendront que des assimilées. Nos langues sont menacées, mais nous pouvons encore les sauver par une politique volontariste de nos pouvoirs publics. Mais il me semble que notre gouvernement préfère encore une fois aller dans le sens du suicide de nos langues en continuant une négligence que je qualifie de criminelle. Pour que nos langues survivent, il nous faut les faire passer de l'oralité à l'écriture, et le gouvernement doit jouer son rôle.

Merci

M. S. A.

Comments

  1. Bonjour Charlie, pourriez vous créer un accès direct à votre mail car nous ignorons comment vous envoyer un courriel. Cordialement

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  2. Merci de votre feedback. Votre suggestion sera implimentée des ce soir.

    Nous travaillons aussi à un acces Twitter et Facebook.

    Bien à vous.

    Charlie

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