CHRONIQUE ÉCONOMIQUE. ACTE III: GABON, L’ÉCONOMIE RESTE OPAQUE ET SERT EN PRIORITÉ LA MÉTROPOLE








Nous l’avons déjà dit sur ce blog, la « françafrique » est unique aux relations entre les états africains et leur maitresse la France. Elle n’a pas un équivalent anglophone, hispanophone ou lusophone. Quand des candidats à l'élection présidentielle en France ou dans divers pays africains, parlent de réformer les liens entre la France et l'Afrique s'ils accèdent au pouvoir, ce ne sont que des paroles en l’air car le mécanisme économique qu’est la françafrique est un des leviers essentiels de l’économie française, et même de sa politique. On peut encore dire que de nos jours, nous assistons à une privatisation de la politique française en Afrique, car ce sont désormais les multinationales françaises qui gèrent l'Afrique francophone. Elles sont devenues des acteurs de premier plan dans les relations entre la France et ses anciennes colonies. Par conséquent, ces multinationales françaises ont les moyens de déstabiliser n'importe quel régime africain, qu’il soit démocratique ou dictatorial. Nous en avons eu la preuve avec les épisodes Lissouba au Congo et Gbagbo en Côte d’Ivoire. De ce fait, la politique africaine de la France, est d'abord la politique des multinationales françaises installées en Afrique. Ces dernières sont sans scrupule et ont les moyens financiers et politiques d’imposer à l’Afrique des dirigeants psychopathes travaillant pour leurs intérêts. C’est le regretté Mongo Béti qui disait justement : «Les nègres sont condamnés au destin d’éternels supplétifs de la grandeur française ».

1. L’économie du Gabon, un tiroir à double fond.
Lors de la dernière élection présidentielle, un économiste a dressé un portrait sans complaisance de notre économie, mais les gabonais n’ont rien compris à son discours. Ce qu’Albert Ondo Ossa, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait tenté de faire savoir aux gabonais, est que notre gouvernement dépensait plus qu’il ne produisait, et qu’au mois d’Aout 2009, les dépenses de l’état gabonais avaient déjà épuisé tout le budget alloué à cette année. Et Ondo-Ossa de dire qu’il n’était pas certain que les fonctionnaires gabonais soient payés à la fin de ce mois d’Aout 2009 et les mois qui allaient suivre. Ondo-Ossa avait raison sur toute la ligne, mais la désinformation du pouvoir a prétendu qu’il racontait des insanités, car ce pouvoir a continué à payer les fonctionnaires en contractant des dettes à taux d’intérêts prohibitifs qui ne feront qu’empirer notre dette globale. C’est ainsi que la dette publique du Gabon a continué de se boursouffler car l’état continue de dépenser à crédit faute de recettes suffisantes pour payer comptant. Tout le monde sait qu’au Gabon, les fonctionnaires sont désormais payés par l'emprunt. L'ensemble des travaux en cours sont aussi financés par le même mécanisme. Le problème avec cette méthode d’emprunt est qu’elle soit totalement opaque à la population. Même les employés du trésor gabonais sont incapables de vous dire avec exactitude combien le Gabon reçoit et dépense chaque mois. L’opacité de la gestion gabonaise est voulue, d’autant plus qu’elle favorise les ponctions budgétaires de la famille Bongo. Il nous est impossible de savoir combien l’état gabonais emprunte, et le montant des intérêts de ces emprunts. Autre exemple, le stade d’Agondje est en train d’être construit sur financement Chinois. La Chine ne fait rien pour rien et le Gabon a dû gager à la Chine certaines de nos richesses pour rembourser ce stade. Mais il nous est impossible de savoir ce que l’état gabonais a gagé en échange de ce stade. Ni la partie Chinoise, ni la partie gabonaise ne souhaite révéler la nature de la transaction. Chers amis, notre pays n’est pas sorti de l’auberge si une telle opacité est la règle à tous les niveaux.

2. Une économie de sous-traitance pour les intérêts étrangers.
Dans un état moderne, bien géré et surtout se voulant « émergent », les dépenses et les recettes de l'état doivent être visibles et connues de tous. Mais au Gabon, personne ne peut dire avec exactitude la part des dépenses de l'état dans le PIB, car il y a des dépenses hors budget qui se font par le deuxième fond du tiroir. Il y a aussi le principe de conserver les économies francophones africaines, donc gabonaise, dans un état de réservoir de ressources minières. Principe dont les modalités d’exécution donne la part belle aux entreprises françaises avec la complicité de nos dirigeants. En définitive, aujourd’hui encore, les dirigeants gabonais ont choisi de donner une priorité supérieure aux intérêts de la France, au point d’oublier ou de faire passer au second rang, le bien-être des populations. Il est clair que le Gabon des Bongo préfère l’endettement au lieu d’investissements productifs. On voit Ali Bongo décider de renflouer Eramet, alors que cette dépense de dizaines de milliards n’est pas nécessaire et que la profitabilité de cet investissement sur le long terme, laisse des doutes. Nous sur ce blog, disons que le Gabon ne maitrise pas son économie, c'est-à-dire que le pouvoir gabonais n’anticipe pas, et en conséquence ne reçoit que peu de dividendes économiques ; car en économie pour avoir des profits, il faut des investissements stratégiques. Nous avons un pays sans système d’entreprenariat qui aurait pu servir de levier pour créer des emplois, pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat à partir des ressources locales et promouvoir les capacités productives et l’innovation. Aucun pays n’a pu devenir émergent sans un entreprenariat local.

Chers lecteurs, nos analyses et non la propagande des émergents, nous amènent à la conclusion que nous ne vivons pas dans une véritable économie de marché. Les gabonais, dans l’état actuel des choses, sont incapables de manager de manière aussi qualitative que quantitative, les rouages de notre économie. Nous ne pensons pas que les gabonais soient des « incapables », non pas du tout; mais plutôt que les rouages de l’économie nous échappent complètement, car les recettes pétrolières et minières sont gérées grâce à des circuits françafricains qui échappent à tout contrôle. Donc chers compatriotes, nous sommes au regret d’arriver à la conclusion que le Gabon ne connaitra pas d’émergence, du moment où nous ne maitrisons pas le marché économique au sens entrepreneurial du terme. Nous ne maitrisons pas le marché des minerais, ni celui du bois, en dépit du bruit que peut faire Ali Bongo. Les 7 dragons d’Asie qui ont été d’abord émergents puis développés, avaient des modes et des méthodes de production basés sur des clientèles bien précises et une totale maitrise des circuits de distribution. Il y a 40 ans, on pouvait déjà trouver des produits « made in Taiwan » sur les marchés africains. Aujourd’hui, au marché de Mont-Bouet, bien malin qui pourra trouver le moindre produit « made in Gabon ». Au Gabon, nous n’avons aucune maitrise de la chaine de production d’une seule de nos matières premières. Même si le bois était transformé en totalité au Gabon, ça ne résoudrait rien car la CFG fut le premier producteur mondial de contre-plaqués et pourtant cette entreprise a fini par faire banqueroute. Il faut que les Bongo arrêtent de multiplier les approches messianiques en ce qui concerne l’économie. Ce n’est pas Areva et Total ou encore Rougier qui rendront le Gabon émergent. Le Gabon se développera quand les gabonais maitriseront les rouages de leur économie en toute transparence. Tant que l’opacité et la propagande seront les substituts d’une pensée économique rationnelle, nous pataugerons dans la même merde.

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