TENTATIVE PAR LE POUVOIR DE CRÉER SA PROPRE VERSION DE LA « SOCIÉTÉ CIVILE » QUI SERAIT MOINS INDÉPENDANTE ET PLUS CONVIVIALE

Le président de l'ONG Croissance Saine Environnement, Nicaise Moulombi





Dans une dictature, la société civile et les ONG sont malheureusement souvent, les derniers refuges des populations en quête d’un minimum de bien être et de justice, face au pouvoir qui est souvent total et implacable. Par conséquent, lorsque ce même pouvoir nomme des membres de la dite société civile, censée aider à la régulation de l’état, à des postes gouvernementaux, il y a lieu de s’inquiéter qu’au Gabon, le pouvoir semble décidé à se choisir lui-même « sa société civile » et la rendre malléable à souhait. C’est sous cet angle que ce blog a perçu la nomination du président de l'ONG Croissance Saine Environnement, Nicaise Moulombi, par le gouvernement au poste de coordinateur de la société civile pour toutes les questions d'environnement et de gouvernance. Il est absolument inadmissible qu’un gouvernement désigne qui doit être son interlocuteur dans la société civile. Par définition, la société civile est faite d’organes indépendants, et quand c’est le gouvernement qui les choisi, cette société civile cesse d’être libre et autonome.

1. Le pouvoir a été ébranlé par les actions de la société civile et voudrait que cela ne se reproduise plus
Deux évènements ont prouvé au pouvoir Bongo tous les dangers que pourrait représenter pour elle, une société civile forte et courageuse. Il s’agit de la publication d’une lettre réquisitoire à l’endroit du pouvoir kleptocratique des Bongo, lettre qui fut endossée par un bon nombre d’ONG gabonaises, et aussi de la fracassante affaire des biens mal acquis, qui vu plusieurs compatriotes s’allier à des ONG internationales comme Sherpa et Transparence International, pour dénoncer le vol des avoirs des peuples de la françafrique, pour la constitution de patrimoine immobiliers faramineux par les dictateurs équatoriaux, dont la famille Bongo. Le pouvoir Bongo fut secoué dans sa plus profonde chair, par cette plainte dont notre compatriote, Gregory Ngbwa Mintsa, se porta partie civile. Suite à cette plainte, dans ce qui restera l’un des actes les plus regrettables et répréhensifs d’André Mba Obame en sa qualité de ministre de l’intérieur des Bongo, donc chien de garde du pouvoir, Gregory Ngbwa Mintsa, Marc Ona-Essangui, Georges Mpaga, et Alain Moupopa, furent arrêtés. Cet épisode laissa des traces profondes et ridiculisa les Bongo dans toute la presse internationale. Certains disent au Gabon que le froid entre Ali Bongo et André Mba Obame serait né de cette affaire. Il fallu que la nébuleuse françafrique pesa de tout son poids pour que le dossier des biens mal acquis soit purement et simplement classé en France suite à un non lieu politique prononcé de manière scandaleuse par une justice vraisemblablement sous la pression de l’Elysée. Il semble que le pouvoir Bongo ait décidé qu’on ne lui ferrait plus le coup, et que si le Gabon devait avoir une société civile, eh bien s’en sera une taillée sur mesure pour « l’émergence », avec des responsables tirées sur le volet. Et dans la foulée, le gouvernement de « l’émergence », annonça la nomination de Nicaise Moulombi comme son interlocuteur de choix. Comment peut-on faire de l’environnement au Gabon sans consulter Marc Ona-Essangui? Seuls les « émergents » avec leurs nombreux « Lee White » savent.


2. Le pouvoir doit comprendre que toute société civile formée à son initiative ne sera jamais crédible
Il faut dire qu’en dictature, le déficit de crédibilité n’est pas un handicap, vu que le système est forcement Orwellien, c'est-à-dire que tout est illusion. Pour ce, les programmes télévisés vont dépeindre la société gabonaise comme étant moderne, alors que la réalité est que la restriction des libertés individuelles s’amplifie sournoisement ; et cette restriction des libertés est caution à la pérennité d’un système qui mute d’un modèle de gouvernance d’apparence ’’démocratique’’ vers une tyrannie à peine revendiquée. Cependant, nous pensons que tous, les membres du pouvoir en premier, comprennent parfaitement qu’il soit improductif et dans le principe même impossible et dangereux, de former la société civile selon les désirs et les plans du pouvoir. Nous comprenons tous que la société civile doit être indépendante, doit avoir ses propres bases et se nourrir de ses propres libertés. C’est seulement alors qu’elle peut être considérée comme étant réellement « civile ». Le pouvoir gabonais, dans un autre acte Orwellien, veut cultiver sa propre société civile avec obligation de résultats prédéterminés.

Si nous désirons d’une société civile qui soit un acteur important dans la dénonciation des injustices, qui soit une force de proposition incontournable dans la construction d'un Gabon plus juste, comme l’aimeraient les gabonais, alors on ne peut pas accepter les mesures de cooptation, de contrôle et d’infiltration de cette société civile, par le gouvernement. C’est Nietzsche qui disait : « Chez l'esclave, les forces du souvenir prennent le dessus. Au lieu d'agir, il se souvient (culpabilité, remords, ressentiment). Quand les maitres abusent de leur autorité et que la situation sociale se dégrade, en lieu et place de faire face à leurs responsabilités politiques, nos hypocrites maitres, pour occulter leurs incuries, culpabilisent le citoyen qui déjà à été réduit à la soumission la plus totale; soumission dans la manière de ‘’penser’’ (ou plus exactement de réfléchir) par les mensonges d’état. Alors, quand l'esclave, lui, prend plaisir à s'accuser puis à accuser les autres esclaves, le maître lui sait à qui s’en prendre, à l’esclave tout simplement. »

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