UN DÉBAT POLITIQUE AFFLIGEANT!





Ce Dimanche, le CNC organisait un débat entre les principaux candidats à la législative anticipée dans la commune de Ntoum. Devant le petit écran, étaient le candidat Julien Nkoghe-Bekale et le représentant de Casimir Oye-Mba, Gérard Ella-Nguema. Il y avait quelque chose de malsain dans la manière dont ce débat politique a été mené. Le pauvre Gérard Ella-Nguema s’est retrouvé dans l’inconfortable situation de devoir informer l’assistance, y compris les journalistes qui posaient les questions, du rôle d’un député. On avait malheureusement l’impression qu’à part le pouvoir, rien ne semble intéresser les journalistes. Il est regrettable de constater que la plupart des journalistes sur le plateau, posaient des questions qui indiquaient que le député soit une espèce de père noël qui distribue des cadeaux aux gens à longueur de mandat. Heureusement que le Gérard Ella-Nguema a fait de son mieux pour essayer d’être pédagogue sur ce point, mais dans l’ensemble, le débat s’est fait en rase-motte et le représentant d’Oye-Mba s’est retrouvé souvent acculé par les journalistes et le candidat PDG qui estimaient qu’Oye-Mba avait fait son temps, qu’il fallait céder la main etc. Bizarre, ces gens ne disent jamais que les Bongo ont fait leur temps et qu’ils doivent passer la main. Mais les pauvres, ils ne peuvent faire autrement, leurs emplois en dépendent.

1. Des journalistes qui ignorent tout du rôle de député
Pour avoir un débat politique de fond, où les grandes thématiques de société sont soulevées, et où les grands projets porteurs peuvent être esquissés, il faut avoir une classe de journalistes capables de s'élever du cloaque du terre-à-terre et éviter un enlisement généralisé dans des polémiques de personnalités qui n’ont rien à voir avec les raisons d’une candidature à la députation. Un débat pré-électoral se prépare et devrait avoir pour but d’encourager un échange ouvert et respectueux, entre les candidats, de façon à informer les électeurs. Mais quand on a des journalistes qui ponctuent leurs questions aux candidats par des « c’est ça aussi l’émergence !», on se demande dans quel cirque on se trouve. Le manque de questions pertinentes était certainement dû à la méconnaissance du rôle de l’élu et de sa mission par certains de nos journalistes. En effet quand Gérard Ella-Nguema leur a rappelé que le rôle du député était essentiellement d’être le représentant du peuple au sein d’un organe qui énonce, examine et éventuellement entérine des projets de loi, les journalistes n’ont pas été très intéressés. De plus, lorsque Julien Nkoghe-Bekale a reproché à Oye-Mba d’avoir un gros égo, personne ne lui a rappelé que ça n’avait aucune pertinence à la candidature pour la commune de Ntoum. De même Oye-Mba s’est vu accusé de n’avoir pas soutenu Ali Bongo ; et Gérard Ella-Nguema de justement expliquer que tout citoyen gabonais restait libre de ne pas cautionner ce qui lui semblait incautionnable, injuste et dangereux pour le pays. Et de renvoyer la question aux journalistes « pourquoi Oye-Mba en citoyen gabonais devrait-il s’interdire l’ambition d’être chef de l’état »? Sa question est restée sans réponse.





2. Un débat à l’image de la politique du Gabon
Ce débat télévisé nous a permis de comprendre pourquoi l’assemblée nationale gabonaise fonctionne au ralenti. Quand des journalistes demandent aux députés de l’opposition de réaliser des projets que seuls les gouvernements peuvent effectuer, au Gabon, comme des routes ou des hôpitaux, on comprend mieux pourquoi les débats à l’assemblée se passent dans un climat de morosité criante, car même les journalistes n’y prêtent pas attention. Il faut un intense programme pédagogique pour éduquer tout le monde du rôle de député. A suivre ce débat, on comprend mieux pourquoi la majorité des gabonais pensent qu’un député ne se présente à l’assemblée que pour justifier son salaire assez juteux. En effet, comment peut on avoir une émission débat dont aucune question d’actualité n’est posée ? Aucun journaliste n’a demandé aux candidats d’expliquer leurs orientations politiques, c'est-à-dire la philosophie politique de l’un et de l’autre. Ils se sont contentés de dire : « mais Oye-Mba a aidé un tel et n’a pas aidé un tel ». Et Julien Nkoghe-Bekale et son « avenir en confiance » fourre-tout était un bien pale candidat de « l’émergence ». Dans une commune où il y a 2 scieries, aucune question spécifique à la mesure d’interdiction de l’exportation des grumes ne fut posée. C’est Gérard Ella-Nguema qui y a fait référence de manière fortuite. Aucune question relative à l’ébullition sur le front social, avec des grèves qui risquent de paralyser les secteurs de l’éducation et de la santé. Pas de questions sur la réalité quotidienne du citoyen de Ntoum, mais des interrogations sur le fait qu’Oye-Mba n’a pas fait goudronner la route de son village à Nzamaligue.





Il faut espérer que les prochains débats soient mieux préparés par les journalistes et surtout que la pertinence des questions soit étudiée. Un parlement à un rôle important à jouer dans un pays et les députés ne sont pas là seulement pour meubler le vide. Ces débats télévisés sont l’occasion d’expliquer aux gabonais les fonctionnements et raisons d’existence des parlements. En faire une affaire de questions terre-à-terre est très dommage car c’est tout le monde qui est perdant. Oye-Mba savait peut être que le débat ne serait pas de qualité d’où sa représentation ; et il aurait eu raison.

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