CURIEUX, LA BGFI-BANK S'INSTALLE A MADAGASCAR: POURQUOI?




La BGFI-Bank, une banque un peu particulière, essentiellement basée au Gabon, au Congo-Brazzaville, en Guinée-Equatoriale et en France, vient d'annoncer qu'elle s'implantait à … Madagascar! Les 3 premiers pays Africains où la banque est implantée sont tous dans le golf de Guinée et producteurs de pétrole. Pourquoi ce long bond au milieu de l'océan Indien?

1. Marc Ravalomanana a été Lissoubaïsé
Comme Lissouba au Congo Brazzaville, Marc Ravalomanana est arrivé au pouvoir à la suite d'une élection libre et démocratique. Comme Lissouba, Marc Ravalomanana succédait à un régime dictatorial, celui de Didier Ratsiraka. Comme Lissouba, Marc Ravalomanana a eu l'impertinence de penser qu'il était président d'un pays libre et souverain qui pouvait se permettre de choisir lui-même ses partenaires économiques. Pendant que le petit peuple malgache célébrait sa démocratie, sa liberté et sa souveraineté, les tout puissants eux prospectaient la terre et la mer malgache, et découvraient plusieurs grands gisements pétroliers, avec des réserves ahurissantes. Le seul site de Bemolanga est évalué à 16 milliards de barils. C'est à dire une exploitation de 1800000 baril/jour pour au moins 30 ans. Il faut savoir que 16 milliards de barils représentent au cours moyen du baril à 75 dollars, un potentiel se chiffrant au bas mot à 1200 milliards de dollars, ou encore 600000 milliards de francs CFA. Comprenez ce que représente ce pactole. Cette somme est trop importante pour être laissée entre des mains inexpertes de va-nu-pieds africains, il leur faut des tuteurs pour manager ces richesses pour eux. En 2008, Total rachète les droits d'exploitation de 60% du site de Bemolanga pour la somme de 5 milliards de dollars, soit 2500 milliards de francs CFA. Mais il reste le problème Marc Ravalomanana, qui comme Lissouba, pense qu'il a le droit de diversifier ses partenaires en signant des contrats avec des firmes des pays Anglo-Saxons et même au delà. Il faut donc un président malgache plus "raisonnable". Ce futur président raisonnable est tout trouvé, en la personne d'un ex-disc jockey (ils savent les dénicher nos ancêtres les gaulois). Comme pour Lissouba, ouste la démocratie et le président "démocratiquement élu", le nouvel homme fort sera installé par coup d'état. Ça tombe bien, par coïncidence il est jeune et pourra rester président pendant 30 ans, le temps d'épuiser le pétrole. Après, s'il y a encore des richesses à exploiter, on pourra peut être installer son fils… Mais oui ça s'est déjà vu quelque part en Afrique de l'ouest et centrale. Entrée triomphante de "TGV" Andry Rajoelina au sommet de l'état malgache, en compagnie de Bernard Kouchner pour la régence hexagonale et de Jean Ping pour la pseudo-médiation du tout aussi pseudo processus de paix. Comme on l'a vu au Congo-Brazzaville, la Françafrique vient de marquer un autre coup. Et les africains dans tout ça? Eh bien, les Africains peuvent compter leurs morts.

2. Que va chercher la BGFI-Bank à Madagascar?
Les archives de plusieurs publications révèlent que des 2007-2008, la très françafricaine banque qu'est la BGFI, qui n'est autre que la Fiba rebaptisée, a souhaité s'implanter à Madagascar sous l'impulsion de Total, pour y servir comme son bras financier; sachant que les circuits de financements pétroliers doivent être tenus seulement par des initiés et non des gens qui iront raconter au quartier comment les multinationales volent l'Afrique. Mais Marc Ravalomanana s'y est opposé farouchement, refusant à chaque requête d'autoriser l'implantation de cette banque sur le territoire malgache (ces informations sont disponibles à qui se donnent la peine d'une petite recherche). Mais avec TGV, pas de problème; la BGFI Bank sera à Madagascar d'ici peu. Elle vient d'obtenir le précieux agrément bancaire. Total peut donc commencer à y faire tourner le pognon dans les circuits bien huilés de la BGFI. Dans une entrevue publiée dans le Canard Enchainée du 25 Mars dernier, Marc Ravalomanana témoigne que le coup d'état françafricain contre son régime venait du fait qu'il avait décidé de mettre les entreprises françaises opérant à Madagascar en concurrence avec les entreprises chinoises, américaines et canadiennes. Plus intéressant, il divulgue que le groupe Bolloré avait été écarté de l’appel d’offre pour la gestion du port de Toamasina. Dans la même interview, Marc Ravalomanana offre la pépite suivante: «Quant au groupe Total, il ne devra qu’à l’intervention personnelle de Sarkozy d’arracher, en 2008, (…) un permis de prospection terrestre». Le lecteur saura aussi qu'Areva était également présente à Madagascar, officiellement pour l’appui logistique à …Total à la prospection du site de Bemolanga. Mais seulement, curiosité, il y a aussi de l’uranium dans la même zone. Même Colas du groupe Bouygues perdait ses parts de marché sous Ravalomanana. Il fallait vraiment en finir avec cet impénitent! Avec ce beau petit monde affairiste ayant désormais son chef d'état disc-jockey pour signer tous les contrats sans les lire, il fallait une banque fiable pour convoyer l'argent. Il ne manquerait plus que les corses du PMUG s'installèrent à Madagascar, pour boucler la boucle de ce parfait tableau françafricain.

Pour installer la BGFI Bank à Madagascar et se crédibiliser auprès des malgaches, le couple Total-Bongo comme à son habitude se sert d'hommes de paille et de faire valoir. C'est ainsi que la face Malgache de cette banque, pour la forme car les vrais patrons sont ailleurs, sera un certain Henri Andrianjafy, un médecin Ophtalmologue ayant fait une longue carrière a Libreville. Comme ça en un coup de baguette magique, la françafrique va transformer un ophtalmologue de 70 ans en banquier. En françafrique, rien d'impossible, Andrianjafy serait en train de déménager de Libreville vers Antananarivo.

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